Les principaux mainteneurs du noyau Linux ont un âge qui commence par le chiffre 5. Certains se rapprochent même de la soixantaine. Du coup, la communauté du célèbre noyau open source commence à penser au changement de générations. Une nouvelle dont la tranche d’âge se situe dans la trentaine gravit les échelons, mais comme Linus lui-même le souligne : « Il s'avère qu'il est vraiment difficile de trouver des personnes qui sont des mainteneurs » ; un fait lié à ceci que le développement du kernel Linux continue de se faire en C et assembleur – des langages auxquels la vieille génération est plus accoutumée ? C’est une possibilité et elle est susceptible d’expliquer pourquoi 2020 pourrait être l’année du langage Rust au sein du noyau Linux.
En effet, au troisième trimestre de l’année précédente, on parlait déjà de la possible entrée au sein du noyau Linux d’un framework pour la mise sur pied de pilotes en langage de programmation Rust. En 2020, la communauté Linux est désormais lancée sur des réflexions en lien à la façon d’intégrer la prise en charge du langage de Mozilla Research au système de build. « Nous devons adopter une approche de prise en charge identique à celle des compilateurs et procéder à la vérification de la disponibilité de divers drapeau de compilation à l’étape de configuration », a précisé Linus. La sortie du créateur du célèbre noyau open source marque en principe son accord avec le principe de la prise en charge de plus en plus importante du langage Rust au sein de Linux. Sur la base de ce seul élément, 2020 pourrait déjà bien être considéré comme l’année du langage Rust au sein du noyau Linux. En effet, ce dernier a, semble-t-il, réussi à convaincre Linus Torvalds là où C++ a échoué.
Le fait avec le langage Rust considéré par des acteurs de la filière comme le futur de la programmation système en lieu et place du langage C est qu’il a obtenu la reconnaissance de « plus aimé » des développeurs habitués de la plateforme de questions-réponses sur des sujets liés à l’informatique – StackOverflow. Au terme de l’édition 2019 de son enquête qui a mobilisé près de 90 000 travailleurs de la filière programmation informatique, le langage a concentré 83,5 % de retours positifs. Ce sont donc près de 75 000 développeurs de ce sondage Stack Overflow qui ont fait savoir qu’ils utilisent le langage Rust et qu’ils vont continuer à en faire usage ; autrement dit, des développeurs qui, après quelques expériences avec le langage, en sont tombés amoureux. C’est une autre enquête cette fois menée par l’équipe de développement du langage et parue au premier trimestre de l’année en cours qui est venue mettre en lumière le fait que le langage reste encore principalement utilisé pour des projets personnels. Raison majeure : manque d’adoption par les entreprises.
Après, la donne est en train de changer puisque le langage commence à bénéficier de soutiens d’acteurs de l’industrie informatique et pas des moindres. À date, il existe une projection du langage Rust pour les API Windows Runtime. C’est une annonce de Microsoft parue au mois de mai dernier. Rust rejoint ainsi C++ avec la bibliothèque Rust/WinRT, ce qui ouvre la possibilité aux développeurs Rust les portes de la mise sur pied de composants et pilotes pour Windows.
C’est un grief qui revient à l’encontre du langage C : les problèmes liés à la gestion de la mémoire – dépassements de mémoire tampon, allocations non libérées, accès à des zones mémoire invalides ou libérées, etc. D’après les chiffres du dictionnaire Common Vulnerabilities and Exposure (CVE), 15,9 % des 2288 vulnérabilités qui ont affecté le noyau Linux en 20 ans sont liées à des dépassements de mémoire tampon. C’est un défi à relever pour le futur en matière de programmation système et d’après Microsoft, Rust est la meilleure chance de l’industrie informatique pour la mise sur pied d’applications système sécurisées. Ce sont très certainement des développements que la communauté Linux prend en compte au moment de la prise en charge sans cesse revue à la hausse de la prise en charge du langage Rust au sein du noyau Linux. Lorsque l’actuelle équipe de mainteneurs faite de quinquagénaires sera considérée comme les programmeurs COBOL des années 2030, celle des trentenaires sera aux affaires occupée à manipuler un langage sur lequel les experts s’accordent sur ceci qu’il offre de meilleurs gages de sécurité.
Source : lkml
Et vous ?
La difficulté de trouver des mainteneurs est-elle la conséquence de ce que le développement du noyau Linux continue de se faire en C et en assembleur au moment où les développeurs s’intéressent de plus en plus à des langages comme Rust ?
Êtes-vous aussi d’avis que la communauté Linux anticipe non seulement sur les départs en retraite des actuels mainteneurs et sur les qualités que Rust offre en comparaison au langage C ?
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L'année 2020 est-elle celle de Rust au sein du noyau Linux ? C'est ce que suggère une sortie de Linus Torvalds
Qui donne des instructions sur l'introduction de son support au système de build
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Le , par Patrick Ruiz
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